Les funambules
aujourd'hui, en exclusivité,
La théorie bidon de Manon
D'abord, il y a le réel.
Le réel, c'est les formalités, les horaires, les règles, les normes,
l'ordre... Le réel est tout ce qui paramètre notre quotidien, il ne
peut se permettre d'être chaotique, il définit la marche à suivre. Il est aussi contraignant qu'indispensable. Et puis, il y a l'évasion. Partir en voyage, faire la fête, tomber amoureux, dévorer un excellent bouquin, faire le mur, passer des vacances entre amis, refaire le monde en un soir... Tout ça est absolument vital. Manquer d'évasion, c'est manquer de substance. Et l'on vit dans un monde où l'évasion est un luxe.
Les gens heureux sont des funambules. Ils sont tous ceux qui savent insuffler l'évasion au quotidien, rendant ainsi le réel supportable. Ceux qui trouvent le fragile équilibre entre les deux et parviennent à les concilier, ceux qui trouvent l'étincelle, le noyau de chaque moment. Je suis des autres, des gourmands, des insatisfaits, de ceux qui ont un besoin démesuré d'évasion et qui se retrouvent claquemurés dans leur réel. Incapable de lui donner de la saveur. Incapable de faire la part des choses. Voilà mon caprice. Vouloir aller respirer ailleurs à tout prix, à défaut d'arriver à respirer par mes propres moyens.